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La revue des éditions de L'irrémissible - Littérature, philosophie, politique, cinéma & musique
Faussaires, pasticheurs, épigones, fantômes, algorithmes, auteurs d’un seul succès, profs… le domaine de la grande musique est peuplé de petits malins largement délaissés par les hiérarchies en vigueur. Légitimes ou incongrus, les chefs d’accusation qui pèsent sur eux sont multiples et variés, souvent rocambolesques. Mais chacun de ces parcours atypiques dévoile une créativité spéciale. Plagiaires, compositeurs fictifs, traducteurs infidèles, tous brillent à inventer des raccourcis dans les chemins de la renommée (…). Cet essai aussi plaisant qu’informé dresse un panorama complice de ces musiques classiques qui viennent éprouver les limites du grand genre et des ruses utilisées par ces talents périphériques pour faire exister leurs œuvres.
David Christoffel est docteur en musicologie à l’EHESS. Correspondant musical pour la radio-Télévision-Suisse, il produit l’émission indépendante « Métaclassique » et enseigne la création sonore à l’ENS (Ulm) et à la Sorbonne. Il est notamment l’auteur aux Puf de La musique vous veut du bien (2018).
Quentin Girard, né en 1986, est journaliste à Libération, portraitiste, écrivain et fondateur de revues, tels MEGALOPOLIS et L’imparfaite. Il viendra dans La Vie Est Un Roman pour nous parler de ses pratiques d’écritures, de ses exercices professionnels, de ses rapports à la critique et à l’actualité, comme le Covid passé, les attentats encore présents dans notre conscience ou encore l’intelligence artificielle.
Il sera interviewé pour l’occasion par Frédéric Gournay, auteur de Métaphysique du rock, paru aux éditions de L’irrémissible
Goncourt, Renaudot, Medicis… et quelques milliers d’autres. Depuis 1903 et la création par les frères Goncourt de leur ancêtre à tous, les prix se sont multipliés et donnent le ton de la vie littéraire en France. Les éditeurs lorgnent les récompenses, les écrivains et écrivaines acceptent sans (trop) rechigner le verdict – rares sont ceux qui refusent l’honneur –, la presse en fait son miel et les bandeaux promotionnels drapent les couvertures des lauréats.
S’ils constituent un mode de financement parallèle de la littérature, l’aubaine d’un mécénat qui se voudrait « démocratique », Arnaud Viviant montre qu’il n’y a pas là qu’une affaire d’argent. Grâce au scrutin universel et aux mœurs électorales qui en découlent, où la petite corruption comme la grande honnêteté ont toujours su tenir leur rang, les prix littéraires forment l’un des piliers de ce qu’on appelle la République des lettres : c’est-à-dire une modélisation littéraire de la République française qui, plus que toute autre au monde, s’imagine lettrée.
Arnaud Viviant est écrivain, critique littéraire et psychanalyste. Auteur d’une dizaine d’ouvrages, romans ou essais, il a publié Cantique de la critique en 2021.
A l’occasion de la sortie de sa traduction de Proust en français et pour la réédition en Poche de son indispensable La musique vous veut du bien, David Christoffel sera interviewé par Frédéric Gournay sur Aligre FM le vendredi 21 avril à 20h.
Dans De mémoire, j’aurais voulu être plus précis, David Christoffel nous fait sensiblement passer du dernier (et fameux) spectacle que l’on n’a pas vu, à la page d’un livre que l’on n’a pas lu et à l’endormissement.
Cette position d’« insolence espiègle » revendiquée dans la préface (« Ce que j’en dis ») aboutit à une tentative de traduction homolinguistique (de français à français, en jouant sur des variations dans les registres de langue, avec un respect relativement strict des structures de phrase) des premières pages d’A la recherche du temps perdu, qui mettent singulièrement en scène cette déprise.
« Une traduction, nous dit l’auteur, n’est pas toujours plus longue que le texte source. Au contraire, la traduction peut-être extrêmement synthétique. L’activité de résumer est une activité de traduction et ceux qui veulent une définition plus précise de la traduction sont dans des pinaillages qui tendent à aliéner la liberté de traduction. »
David Christoffel est poète, compositeur, docteur en musicologie de l'EHESS, producteur, réalisateur et animateur radio et enseignant - entre autres - à la Sorbonne.
Le jazz, qui apparaît comme un phénomène esthétique majeur du xxe siècle, a pourtant été délaissé par la philosophie qui en a été contemporaine. Ce désamour de la philosophie à l’égard du jazz se mesure à deux niveaux : d’une part à la rareté des écrits philosophiques qui lui sont consacrés, d’autre part à la dureté du traitement qui lui a été généralement réservé. Mais alors, quel sens donner à ce silence « philo-phonique » à propos du jazz ? Pourquoi les philosophes contemporains du siècle du jazz ne se sont-ils jamais véritablement intéressés à sa dimension esthétique ? Et pourquoi n’ont-ils pas davantage porté attention à ses revendications politiques, alors même que celles-ci ont donné lieu à de vifs débats dans les années 1960-1970 ?
L’objectif de cet essai ne consiste pas à exposer des éléments conceptuels sur lesquels on pourrait faire reposer une philosophie du jazz, mais plutôt à faire émerger le sens philosophique de ce « rendez-vous manqué » entre le jazz et la philosophie. La philosophie, face au jazz, semble devoir se confronter à ce qui lui échappe : l’ampleur des processus de dénégation mis en place par certains auteurs pour ne pas le prendre en considération semble témoigner du fait que le jazz résiste bel et bien à son appréhension philosophique.
Si la philosophie a bien eu du mal à tenir le jazz en respect, si ce dernier lui a opposé avec bruit et fracas un obstacle théorique l’ayant conduit à une « sortie de route », alors le diagnostic de cet échec ne nous laisse pas sans rien. Il invite la philosophie (les philosophes) à comprendre les motifs de son mutisme, à débusquer ses craintes et ses préjugés, à repenser, un à un, ses concepts traditionnels – et par là même à réinterroger le sens même du geste de l’esthétique, lorsqu’il s’agit pour elle de penser la musique.
Joana Desplat-Roger est agrégée de philosophie, docteure en esthétique, Directrice de Programme au Collège international de philosophie et vice-présidente de son assemblée collégiale. Actuellement, elle enseigne la philosophie au Lycée Condorcet de Paris. Elle est l'éditrice scientifique de l'ouvrage L'art comme jeu de François Zourabichvili (PUF, 2018), et elle a codirigé l'ouvrage collectif Adorno contre son temps (PUF, 2019). Elle est membre du comité de rédaction de la revue Rue Descartes, ainsi que de la revue en ligne Epistrophy. La revue de jazz (www.epistrophy.fr)