Déjà
en ce temps-là je me sens mal avec la plupart des gens
Même
avec les chiens et encore plus avec les chats
J’ai
douze ans et je croupis dans mon enfance
Renvoyé
de tôle en tôle
Je
suis à Berchem-Sainte-Agathe,
Dans
la ville des sept baraques à frites
Englué
dans tout ce folklore graisseux
Si
ardent, si morveux, si plein de moi-même ;
Je
me roule dans l’herbe du baptistère
Ravi
de mon propre vertige
Un
moment libre et ne savoir que faire
C’est
alors que l’animal s’approche de moi
Je
le serre dans mes bras
Fasciné
par la course des nuages
C’est
un mâle aux oreilles taillées en pointes et à la coupe sophistiquée
Il
se frotte frénétiquement contre ma jambe
Dégoûté,
je le repousse violemment
Il
ne revient pas à la charge, il se contente de gémir
Je
flanche, le rappelle, lui empoigne le membre, m’essuie dans l’herbe
J’ai
faim, j’ai oublié d’emmener mon bouquin,
Je
tourne en rond dans ce jour de solitude épaisse.
Yves Tenret